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A l'ombre de moi-même
17 août 2020

Cela fait huit mois...

Huit mois que je gardais ça pour moi (et vous ici).

Huit mois à fuir, à faire l'autruche ou presque. Je ne voulais tellement plus l'affronter... ni espérer..

Huit mois que j'étouffais, les mots bloqués dans ma gorge et mon poignet, par lâcheté autant que par amour pour elle..
Huit mois qu'à chaque fois que je scellais l'enveloppe, je recevais un signe d'elle qui me faisait sentir si monstrueuse et égoïste que je revenais à la case départ, incapable de poster mon message. À croire qu'elle le sentait chaque fois, et elle me coupait dans mon élan. Et je sentais tomber en poussière ma détermination et ses frêles ailes..

Huit mois, à ré-écrire constamment les mêmes lignes, mais différement. À chercher comment exprimer mon désespoir, ma solitude, ma colère aussi... que tout soit vrai, compréhensible, mais pas trop dur. Et ce n'était pas si évident. Je pleurais à chaque fois, et je doutais que ce soit à envoyer en l'état... Tant de temps, à me demander s'il existait la moindre chance de l'atteindre, et à redouter la réponse. À me sentir horrible de vouloir m'exprimer, mais à ne pouvoir ignorer qu'il le fallait, si je ne voulais plus suffoquer..

M'exprimer ... ce monde inconnu et si "hors de portée", du moins je le pensais. Celui où les mots ont le droit d'être écris ou prononcé. Où mon ressenti a le droit d'exister. Où je suis un être humain qui a le droit d'être imparfait. Le droit de s'être senti blessé et abandonné. Où j'ai le droit de pleurer sans m'en cacher, ni m'excuser...
J'aurais tant voulu me sentir le droit de m'exprimer... d'exister..

J'avais presque fini par renoncer à exprimer quoi que ce soit. Cette lettre, c'était un si grand poids.. Tant pis si d'y repenser, je pleurais chaque fois. C'est si difficile. Si difficile de faire un pas, quand on sait que ce pas se paiera, et probablement cher, des deux côtés.
Mais arrive un moment où il faut bien avancer. Pas vrai ? Où reprendre de l'air devient vital si on veut vivre et respirer...
Je voulais tant essayer.. sans jamais oser.

Et puis ces mots qui tombent du ciel : "Cette lettre, elle l'attend, tu sais ?".
Tu lui avais parlé. Tu n'étais pas resté sans rien faire. Toi qui a toujours su entendre ce que je te disais. Tu m'avais écoutée, et comprise. Toi qui m'a si souvent épaulée sans le réaliser. Toi qui tant de fois m'a sauvée ...
Une nouvelle fois, tu es sorti de ton silence déterminé, juste pour m'aider... Mon fidèle allié, si discret - un jour, il faudrait tellement que je prenne le temps de vous en parler... il n'aimerait sûrement pas ça mais, si vous saviez à quel point je lui suis reconnaissante d'exister. -
Je savais que tu l'avais bousculée. Mais je n'avais pas compris jusqu'où c'était allé. Et donc, depuis... elle attendait ?

Du coup, si elle attend cette lettre, c'est comme si elle m'autorisait à l'envoyer, n'est-ce pas ? Peu importe si le contenu lui déplaît..? Le miroir que je vais lui tendre, elle ne va pas aimer..
Le courage qui me manquait, tes mots me l'ont donné...

Il est temps. Oui. Grand temps.

J'ai ré-écris une dernière fois. J'ai laissé les mots couler. J'ai fait aussi court que possible, mais j'ai néanmoins laissé les pleurs, la colère, l'angoisse, tout... j'ai tout laissé.... tout ce qui venait "de moi". Je n'ai pas évoqué son mépris, à peine mentionné ses cris et ses dénis. Je n'ai parlé que de moi, mes ressentis.. juste ceux de la dernière fois que nos chemins se sont croisés..

Mon ultime ''bouteille à la mère'', débordante de mes tsunamis de sentiments..

Huit pages pour huit mois de tergiversations et de négociations avec moi-même. De doute. De peur..
Huit pages pour tenter d'exprimer un peu de trente années de tourmente. De solitude gravée à jamais dans mon écorce. Un vague écho de ce que j'ai pu enduré, sous ses yeux fermés..

Et j'ai puisé dans mes tripes tout ce que je pouvais rassembler de forces... je l'ai postée.
Je n'ai pas lu son sms avant d'avoir vu le clapet se refermer. J'ai déposé cette enveloppe dans la boîte, à deux doigt de trembler. Je n'ai pas lu ses mots qui m'auraient fait vacillée avant d'être rentrée. Grâce ça au fond de moi, je souriais. Je l'ai fait...

Ces cadeaux empoisonnés qu'elle m'avait fait, je ne veux plus les garder. Tout retour en arrière est enterré.
Ces mots, coincés dans mon coeur, qui si douloureusement m'étouffaient, je les laisse échapper.

Toutes ces émotions douloureuses qu'elle m'a procurées, et tout ce qui n'était pas à moi, ça n'a plus rien à faire là.

Tout cela, je le lui rends.

Je récupère l'espace au creux de moi.

Je renvoie ce gouffre béant à celle que j'appelle "maman"...

J'ai posté ma lettre. Enfin.

Cela ne sera pas sans conséquences, et bon sang, je redoute sa réaction à un point... mais je ne peux plus nous protéger toutes les deux.
Je ne peux plus fermer les yeux. Je ne veux plus mourir à petit feu...

Elle et moi... On va devoir grandir un peu...

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Commentaires
A
Votre conscience est-elle en paix d'avoir décidé d'agir ainsi ?<br /> <br /> Je vous le souhaite : le reste ne vous appartient plus.
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C
Hello Landrynne<br /> <br /> Me voilà de retour. Avec toujours la même compréhension de tes soucis...j'ai tellement eu les mêmes.<br /> <br /> Ma thérapeute m'avait fait écrire une lettre dont j'ai ensuite dispersé les fragments dans la rivière. cela m'avait fait du bien...<br /> <br /> Je t'embrasse ma belle<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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C
C'est le premier pas. D'autres viendront.<br /> <br /> Et vous grandirez, l'une comme l'autre. En tout cas tu grandiras, car tu es en chemin...<br /> <br /> Et j'aime ce que tu écris là. Je m'y reconnais.<br /> <br /> Bisous chère Landrynne que je n'ai pas oubliée<br /> <br />  •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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V
Je t'admire... quel courage ! :D Tu as bien fait ! Trop souvent on n'ose pas .
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  • Mes élucubrations, poèmes, peurs, espoirs, combats ... tout ce qui prends trop de place dans ma tête, et d'autres textes pour le plaisir de la plume. Tous les textes et images non sourcés sont ma propriété. Merci.
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