Le chant des champs.

Je suis allée me promener en bord de champs, et de champs en jachère. Bordés d'arbres, ces derniers ressemblent à des jardins sauvages, en camaïeu de verts, piqueté de blanc, de jaune, et parfois d'autres couleurs.

Il y pousse du trèfle à foison, des pissenlits mêlés de séneçons, et des graminées comme l'agrostide blanche (ou bien est-ce du pâturin?) par milliers. Quelques coquelicots. Parfois du liseron. Et beaucoup d'herbes et de fleurs dont j'ignore le nom, certaines mal famées et pourtant définitivement attrayantes à leur façon.

Des insectes et des papillons y volettent de ci de là. Quelques fois, le vent soufflant un peu plus fort fait s'envoler des dizaines de graines de pissenlit dans un ballet aérien des plus raffinés. Rien qu'à regarder, c'est déjà très joli.
Mais le plus beau flotte dans l'air. En longeant leur bordure à pied, vous pouvez entendre ces grandes prairies chanter.

De tous les côtés, sont émis des pépiements discrets d'oiseaux bien cachés, ou trop rapides pour être bien observés, à moins de ne s'approcher de très près de leurs perchoirs. Linottes, troglodytes mignons, alouette, rossignols, pinsons, passereaux, mésanges... On peut y entendre toutes sortes de mélodies inestimables.
Hélas, je suis souvent bien incapable d'identifier clairement les auteurs de chaque partition. Il y en a tant que je ne connais pas. J'apprends seule au hasard de mes découvertes. Nom d'oiseaux et chant, nom de fleurs et couleurs, nom d'arbres, écorces et feuilles...
Leur notes légères me font toujours oublier, pour un moment, que je crains qu'un jour, on ne puisse plus les entendre...

À l'intérieur, les insectes donnent de la 'voix'. Des criquets qui stridulent en choeur et des grillons qui grésillent en rythme soutenu. Des abeilles et des bourdons qui bourdonnent. Des vrombissements divers non attribués... et peut-être un léger ronflement en trame de fond, du aux insectes plus petits qui s'activent alentour.

D'autres sons jaillissement parfois pour cesser aussitôt, notes d'apparat à la manière d'un triangle dans un orchestre. L'impression d'entrendre quelques couinements par moment, comme si un petit mammifère manifestait sa présence. Depuis combien de temps n'ai-je plus croisé de mulots ou autre petit rongeur ? Des lézards à l'abri des hautes plantes font bruisser les tiges à chaque déplacement rapide. Le vent qui fait chuchoter les herbes...

Puis nos pas qui résonnent quand on reprend la marche, le coeur au creux de l'oreille.

C'est encore un endroit où je pourrais rester longuement comme un poisson dans l'eau, à noyer mon visage de soleil, inonder mes yeux de couleurs, et abreuver mon âme de la mélodie du vivant.

Si la musique des hommes est fantastiquement incroyable, elle n'égalera malgré tout jamais la pureté de ce que nous offre la nature. Cette coopération insouciante d'espèces en tous genre qui se mettent mutuellement en valeur. Ce mélange savamment dosé de sonorités diverses et variées, "chaotiquement ordonné" en un tout harmonieux qui anime l'esprit en même temps qu'il l'apaise.

Et vous ? Quand était-ce, la dernière fois que vous avez prêté l'oreille au chant des champs ?

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